Depuis que Marine Le Pen préside le Front national, Bruno Gollnisch se fait discret. Invité de temps à autre à commenter telle décision ou tel propos de la nouvelle cheftaine frontiste, le concurrent malheureux de Le Pen fille formule, le plus souvent, des observations prudentes et presque neutres. Et si dans ce « presque » se logeait un malaise, léger, mais croissant ?
TOUT VA BIEN MADAME LA PRÉSIDENTE !
Depuis le 16 janvier 2011, il n’y plus de Gollnischiens, il n’y a plus de Marinistes. » La sentence est signée Bruno Subtil, membre du bureau politique et proche de Bruno Gollnisch. Sous-titre pour malcomprenants (ou journalistes insistants) : au Front national, tout le monde avance uni, circulez ! Y a rien à voir.
Et, à ceux qui émettraient quelques doutes, le rival malheureux de Marine Le Pen réserve un argumentaire solide : « Nous nous voyons régulièrement au Parlement européen, nous déjeunons ensemble là-bas, nous nous parlons. » Entre la présidente et Bruno Gollnisch, l’ambiance serait donc au beau fixe.
Depuis son refus d’honorer la fonction de vice-président du parti après sa défaite à Tours, -« non pas par dépit mais parce qu’il semblait plus sain et plus normal que la nouvelle présidente assume l’intégralité des fonctions de direction avec son équipe »– Gollnisch la joue fair-play. « Je ne conteste pas les résultats du Congrès, se plaît-il à répéter. Je les ai admis avec élégance et une loyauté certaine. » Mieux, il assure se « mettre à la disposition de la présidente » avant d’ajouter : « Elle ne m’utilise pas beaucoup mais ça viendra peut-être… »
Bref, à entendre le premier niveau de discours de Bruno Gollnisch, « toujours membre du bureau politique », tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais la démonstration vacille quand il ajoute, sourire en coin : « Je peux essayer d’agréger d’autres personnes auprès desquelles je peux être un intermédiaire, ou si Marine souhaite réunir des membres de la famille nationale qui pour une raison ou une autre nous ont quittés et dont certains, parmi eux, ne l’ont pas fait pour des raisons abjectes et qu’on aurait peut-être intérêt à voir revenir dans nos rangs, du moins c’est ma conviction… » Les départs de certains historiques de Roger Holeindre à Olivier Wyssa en passant par Jean-Loup de Lachaisserie ou Farid Smahi , parti avec perte et fracas du FN -et du Congrès- une heure après l’élection de Marine Le Pen, chiffonneraient-ils Bruno Gollnisch ?
Fervents partisans du conseiller régional de Rhône-Alpes, ces « insurgés » incarnent, pour la plupart d’entre eux, le vieux Front, celui qui regrette l’Algérie française et déplore l’apologie de la République et de la laïcité faite par la nouvelle présidente. Des critiques a priori partagées par Bruno Gollnisch. Même si dernier se garde bien de le préciser.
PRUDENCE ÉQUIVOQUE
Depuis l’élection de Marine Le Pen, obtenir une réaction ou un commentaire de la part du clan Gollnisch encore en fonction tient du parcours du combattant. « Moi aussi j’ai mon cabinet secret !, plaisante Bruno Gollnisch. J’ai une équipe formidable avec laquelle j’ai fait campagne, je continue à les voir mais je n’entretiens pas de faction. » Son attachée de presse, Anne-Cécile Foubert, son coordinateur pendant la campagne interne, Yvan Benedetti, et les secrétaires départementaux Jacques Colombier et Bruno Subtil, constituent le noyau dur de ses troupes. Un noyau dur particulièrement discret voire franchement silencieux.
Yvan Benedetti, membre du Comité central du FN, semble pourtant avoir des choses à dire. Ancien de l’Oeuvre française, qu’il dit avoir quittée le 1er août 2010 à la demande de Jean-Marie Le Pen, Benedetti a déclaré à Rue89 « se sentir visé ».
Depuis cette sortie audacieuse, Gollnisch avoue lui conseiller de ne pas répondre aux médias afin de préserver sa fonction au sein du Front.
Contacté par téléphone, Jacques Colombier, membre du Bureau politique et du Comité central du Front, soutien actif du candidat vaincu, n’a jamais donné suite à notre appel. De son côté, Bruno Subtil, également membre du Bureau politique, a tenu à demander l’autorisation à Bruno Gollnisch avant de répondre à nos questions. Du bout des lèvres, il reconnaît que les orientations prises par la nouvelle présidente ont « créé quelques surprises ». « Elle est élue depuis moins de quatre mois, il me paraît malhonnête de porter un jugement définitif », poursuit-il avant de conclure, rationnel : « Chacun sa sensibilité. » Fermez le ban.
Seul Bruno Gollnisch feint l’incompréhension quand arrive dans la conversation le sujet de la dédiabolisation du Front. « Je n’ai pas très bien compris en quoi consistait cette stratégie de dédiabolisation, observe-t-il sarcastique. Je pense qu’il y a une dédiabolisation mais pas une stratégie, et cette dédiabolisation vient de la prise de conscience par les Français de la justesse de nos analyses. » Autrement dit, si le FN change d’image, ce n’est certainement pas le fait de Marine Le Pen.
LÉGER MALAISE
Et si le discours prononcé par Marine Le Pen le 1er mai contribuait à délier les langues ? A Tours déjà, certains avaient dû frémir à l’évocation de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789. Place des Pyramides ce dimanche 1er mai, l’hommage rendu à la République, à De Gaulle et à Schoelcher, a sans doute finit d’en agacer plus d’un. « L’orientation républicaine, ce n’est pas ma tasse de thé, concède Bruno Gollnisch. La République est un régime comme un autre, mais la France a existé avant la République. Je suis républicain mais je n’éprouve pas le besoin de l’affirmer car j’aurais l’impression se faisant d’avoir à me justifier de je ne sais quel penchant anti républicain. Je suis modéré en tout, je suis modérément républicain. » Quant à De Gaulle, le passionné d’histoire qu’est Gollnisch le considère comme un « personnage d’une stature tout à fait considérable » dont l’action a toutefois été composée de « choses détestables ». Mesuré, Bruno Subtil, reconnaît que « des passages l’ont transporté d’aise, d’autres moins »,avant de souligner dans un élan de témérité que « la France n’est pas née en 1789 ».
Autre anicroche : le souhait de Marine Le Pen de policer l’enseigne frontiste en la débarrassant de ses membres les plus remuants. L’expulsion d’Alexandre Gabriac, jeune candidat FN aux cantonales photographié faisant le salut nazi, a déclenché la colère de certains détracteurs de la nouvelle présidente, convaincus d’assister à une véritable liquidation des Gollnischien. Paranoïa ou réalité ?
« Le jeune Gabriac n’a joué aucun rôle dirigeant dans ma campagne », insiste Bruno Gollnisch. Concernant Olivier Wyssa ou Jean-Loup de Lachaisserie que certains médias citent comme en passe de se faire expulser à leur tour, le conseiller régional du Rhône-Alpes a une toute autre vision des choses : « Olivier Wyssa s’est purgé tout seul, il fait partie de ces gens qui n’ont pas confiance en Marine Le Pen et qui ont claqué la porte. Il a démissionné juste avant l’élection cantonale, c’est de ce fait apparu comme une tentative de sabotage. Ce n’était pas son intention. Je souhaiterais qu’il revienne mais cela implique quelques démarches de sa part. Quant à Jean-Loup de Lachaisserie, il a démissionné aussi. » Steeve Brois, secrétaire général du FN, explique de son côté que ces deux cas ont été étudiés par la commission des conflits et que Marine Le Pen « prendra sa décision la semaine prochaine ». Mais à quoi sert d’expulser des membres déjà démissionnaires ? « On veut montrer que le FN n’est pas un hôtel-restaurant, les gens qui sont candidats à des élections le sont jusqu’au bout. » Et si les évictions étaient en fait un moyen pour le clan mariniste de reprendre la main sur quelque chose qui lui échappe ? En donnant l’illusion d’expulser de manière intransigeante les troubles-fête un peu trop admiratifs du maréchal, la nouvelle direction du Front se rachète une conduite.
Alors existe-t-il chez les Marinistes une volonté réelle de supprimer le clan gollnischien ? Pour l’heure, Bruno Gollnisch fait mine de ne pas croire à ce scénario : « 40 % de ce mouvement sont des Gollnischiens, des Gollnischiens on en trouvera toujours ! Quand il se passe un conflit, ce n’est pas parce que c’est quelqu’un qui a soutenu la candidature de Gollnisch. » Mais de prévenir : « Si il y avait éviction de gens simplement parce qu’ils ont soutenu ma candidature je ne le comprendrais pas. J’ai été un peu choqué, par exemple, qu’un bureau politique pour une candidature de secrétaire départemental dans le Tarn n’examine même pas la candidature d’un garçon qui s’était rallié à ma candidature. Il aurait pu y avoir au moins mention des alternatives possibles. » Orage à l’horizon ?
Que ceux qui s’imaginent que Gollnisch pourrait rejouer le Congrès de Marignane qui entérina la scission des Mégretistes se rassurent, le seul terme de « scission » donne encore des vertiges aux frontistes même pro-Gollnisch. « Scission ?? Oh le vilain mot !, s’indigne Bruno Subtil.Pourquoi voulez-vous qu’on quitte le FN ? » Impensable pour l’instant, le départ des Gollnischiens n’aurait lieu d’être que « si une personne quelle qu’elle soit voulait faire disparaître les fondamentaux comme la préférence nationale, poursuit ce fidèle lieutenant de Gollnisch. Mais comment pourrais-je imaginer qu’il en soit ainsi ? Je m’interdis de faire un procès à Marine Le Pen. » Mais cette dernière est avertie, à trop vouloir tordre le tronc idéologique du Front national, celui-ci pourrait rompre.
Source: Marianne 2
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Mon francais n’est pas tres bon, je suis de l’Allemagne.
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c’est quoi cette blague, Charlotte ? tant que BG sera en place, il restera un espoir. Que le FN ne s’enjuive pas trop, de grâce !